Si le terme data ou données fait depuis longtemps partie du vocabulaire des professionnels du spectacle vivant, c’est de façon inégale et souvent avec beaucoup d’incompréhension vis-à-vis de ses enjeux.
En faisant son entrée par la porte du marketing culturel et du développement des publics, le sujet semble central tout en divisant au sein des lieux, opposant encore service public et enjeux économiques. D’autant que la data s’est souvent transformée en mirage, sous l’impulsion de certains acteurs privés qui se sont emparés du « marché » avec une méconnaissance de nos métiers, de nos missions, pour un effet délétère sur le secteur.
L’absence d’une véritable politique des données culturelles à l’échelle locale ou nationale contribue à ce flou et au sentiment d’immobilisme du secteur. La création de Sibil à marche forcée, outil éminemment utile sur le principe mais construit au mépris d’une vision contemporaine et partagée du numérique, a été une occasion manquée d’acculturer les professionnels (lieux, producteurs, artistes…) comme les tutelles, à ce sujet.
Pourtant, des projets prometteurs existent, à l’instar des projets développés au Québec ou au Royaume-Uni mais aussi plus modestement en France : ces initiatives confirment l’intérêt d’une culture de la donnée pratique, pragmatique, au service d’une politique culturelle ambitieuse, notamment à l’échelle des territoires.
À travers cette journée TMNlab, nous tâcherons de poser les fondamentaux de la donnée culturelle et, à travers la présentation de projets français et internationaux ainsi que de temps d’échanges, d’ouvrir le champ des possibles les professionnels des arts vivants.
Introduction
- Anne Rubinstein, secrétaire générale du Théâtre du Châtelet
- Anne Le Gall, présidente du TMNlab et directrice des publics de la Gaîté Lyrique
Enjeux politiques et économiques d’une culture de la donnée dans le spectacle vivant
Amandine Schreiber, cheffe du département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation ; Aurélien Conraux, administrateur ministériel des données délégué ; et Ariane Faraldi, chargée de mission Prospective et innovation numérique au service du numérique interviennent au nom du ministère de la Culture pour nous expliquer comment ils s’emparent de ces enjeux (en lien avec la feuille de route Données et contenus culturels).
Magalie Dartus, géomaticienne et consultante pour Datactivist intervient sur les enjeux d’ouverture de la donnée pour les rendre utiles et utilisées : Pourquoi et comment mettre en scène l’open data culturel ?
Eloi Flesch, doctorant et ingénieur d’études au Centre Norbert Elias (CNRS, Avignon Université), présente le projet OduS, qui conjugue enjeux de recherche et enjeux socio-économiques pour produire collectivement des données scientifiques depuis le web. À partir de ce dispositif numérique, il souligne la nécessité de développer une économie du numérique sur les territoires autour de gouvernances partagées entre les parties prenantes de la donnée culturelle, et par là même, de créer une gouvernance de la signification des données.
Audience et découvrabilité : retour sur 4 projets data et spectacle vivant
Anne Torreggiani et Elise Boileau nous présentent comment, au Royaume Uni, The Audience Agency permet aux acteurs culturels de partager, comparer et utiliser leurs données ?
Pierre Beffeyte nous présente son outil ToSeeOrNotToSee et la plateforme associée dédiée aux professionnels : comment ses algorithmes peuvent-ils favoriser la diversité dans l’offre artistique qui circule sur le territoire, tout en modélisant une « couleur artistique » à destination d’une programmation ?
Eudes Peyre, chargé de mission ressources et développement numérique à la Réunion des Opéras de France nous présente le projet « Découvrabilité Opéra ! »
Juliette Denis, gestionnaire de projets collaboratifs chez Synapse C (organisme qui a pour mission de développer et de mettre en commun l’expertise en valorisation de données pour les arts et la culture au Québec et au Canada) nous présente l’expérience du partage des données du Quartier Des Spectacles de Montréal.
Recueil participatif des conclusions
Un temps de travail individuel puis collectif, par petits groupes, pour favoriser l’appropriation et la discussion des enjeux par l’ensemble des participants. Les « conclusions » collectives sont partagées en plénière.